A l’issue d’une soirée riche en rebondissements, Mitt Romney a finalement remporté à l’arrachée le caucus de l’Iowa, juste devant l’ultraconservateur Rick Santorum.
Il aura fallu attendre l’annonce officielle de Matt Strawn, président du parti républicain de l’Iowa, pour enfin départager les deux gagnants du premier scrutin des primaires. Jamais une élection dans cet état n’avait été aussi serrée et plus que jamais chaque vote a compté. Une visite éclair dans un bar du coin, quelques poignées de mains supplémentaires, des indécis qui se laissent finalement convaincre, la victoire en Iowa s’est vraiment jouée à pas grand-chose.
Résultats définitifs
A l’issue du dépouillement final, Mitt Romney et Rick Santorum flirtent chacun avec les 25%, avec respectivement 30.015 et 30.007 voix de préférence. Ron Paul, qui était annoncé initialement en tête, complète le podium avec 26.219 sympathisants, soit 21,5% des votes.
Loin derrière le trio de tête arrive Newt Gingrich (13%), devant le texan Rick Perry (10%). Michele Bachmann se couvre de ridicule en sixième position (5%) seulement devant la lanterne rouge Jon Huntsman (0,6%), qui n’a même pas daigné faire campagne dans l’état.
Bilan après l’Iowa
Contrairement à son programme initial, Mitt Romney est finalement resté à Des Moines, la capitale, pour fêter son premier succès de l’année. S’il était attendu sur le podium, sa première place obtenue au finish contribue à renforcer son image de favori. Largement en tête dans le New Hampshire (22% d’avance selon les derniers sondages RCP) où il a établi son QG de campagne, l’ancien gouverneur du Massachussetts est presque assuré de remporter le deuxième scrutin qui se déroulera le 10 janvier. C’est le candidat le plus stable, le plus crédible, le plus organisé à l’échelle nationale et aussi celui qui possède le plus de ressources. Même s’il peine à séduire l’aile dure du parti, Mitt Romney est selon moi le futur adversaire d’Obama.
Mitt Romney savoure sa victoire dans l'Iowa (Reuters)
A la traîne dans les sondages jusqu’à la veille du scrutin, Rick Santorum aura finalement connu son momentum à un moment idéal. L’ancien sénateur de Pennsylvanie a été relativement épargné par les attaques (ce qui ne va pas durer) et est propulsé grâce à son succès sur le devant de la scène. Encore peu connu de l’électorat républicain, l’engouement médiatique pour le caucus a fait de lui une alternative possible à Mitt Romney. Présenté comme le champion des valeurs religieuses, Santorum a aujourd’hui gagné en crédibilité. Il lui faudra néanmoins confirmer ce bon résultat dans d’autres états, lui qui ne possède pas d’organisation à l’échelle nationale ni de grandes réserves de trésorerie.
Selon moi, il risque de suivre la même voie que Mike Huckabee en 2008. Après avoir marqué les esprits par une victoire en Iowa, le pasteur de l’Arkansas n’arriva pas à garder l’avantage sur la longueur, face à un John Mc Cain qui ratissait plus large. Aujourd’hui, le candidat d’envergure nationale est incontestablement Mitt Romney. N’en déplaise aux stratèges de l’équipe d’Obama qui préférerait devoir affronter Santorum en novembre.
En troisième position, Ron Paul, le doyen de la compétition, a paradoxalement séduit l’électorat le plus jeune. Un très bon résultat, en comparaison avec sa cinquième place (10%) obtenue en 2008. Bien placé dans les sondages des prochains scrutins, le candidat libertarien risque de faire encore parler de lui et d’atteindre quelques podiums. Néanmoins, avec son discours radical au niveau économique (suppression d’agences gouvernementales etc) je doute qu’il arrive à gagner l’investiture du parti.
Les déçus de l’Iowa
Cible d’attaques en règle de la part de ses rivaux et rattrapé par les scandales, Newton Gingrich, qui trônait en tête des sondages pour l’Iowa à la mi-décembre, échoue finalement à la 4ième place. Sentant venir la défaite, le candidat avait pris les devants en annonçant à la presse qu’il ne comptait pas gagner le scrutin. Après avoir relativisé l’importance du caucus, l’ancien président de la Chambre table sur une campagne à long terme, avec une stratégie globale qui vise les 50 états.
Dans le même ordre d’idée, Rick Perry prétend défendre une stratégie d’envergure nationale. Même s’il a essayé de limiter la casse en Iowa avec un véritable programme marathon ces derniers jours, obtenir la cinquième place n’est vraiment pas un bon signal pour une campagne déjà bien moribonde. Je ne serais pas surpris de le voir abandonner la course dans les semaines à venir. Rick Perry devrait selon moi attendre 2016, histoire de faire oublier ses bourdes.
Cuisante défaite pour l’égérie du Tea Party Michele Bachmann, qui malgré une campagne de fond en Iowa, son état natal, peine à obtenir 5% des suffrages. Son vivier d’électorat, très conservateur, lui a sans doute préféré Santorum ou Ron Paul. Sans grand espoir pour la suite des primaires, elle devrait sans doute replonger dans l’anonymat d’ici peu à moins d’animer un show télévisé sur Fox News. L’héritière de Sarah Palin (en plus crédible selon moi) pourrait éventuellement continuer la course sur un ticket présidentiel, si elle est choisie comme Vice-Présidente par le favori du parti. A l’image de Joe Biden, qui après avoir terminé 5ième en Iowa en 2008 et critiqué Obama pour son inexpérience, est revenu au dernier moment dans la course à la Maison Blanche.
En queue de peloton, Jon Huntsman n’a pas misé grand-chose sur l’Iowa, dans lequel il n’a même pas fait campagne. L’ancien gouverneur de l’Utah concentre ses efforts sur le New Hampshire, où il espère lui aussi enfin connaitre son heure de gloire. Verdict mercredi prochain.