La messe est dite chez les républicains

Les stratèges du parti de l’éléphant et les analystes politiques des différents médias américains sont désormais unanimes. Mitt Romney remportera à terme l’investiture républicaine et affrontera Barack Obama dans l’élection générale de novembre.

Quatre candidats sont toujours en course mais le suspense est déjà retombé. Même si techniquement la campagne des primaires pourrait durer jusque juin, les jeux sont faits et rien ne pourra plus arrêter Mitt Romney.  A chaque scrutin, le favori creuse l’écart sur ses poursuivants et se rapproche toujours plus du fameux « nombre magique » des 1.144 délégués, ligne d’arrivée symbolique de la course à l’investiture.

Depuis les derniers succès de l’ancien gouverneur du Massachusetts, plusieurs indices viennent encore confirmer sa victoire inéluctable. A l’image d’Obama, qui l’a pour la première fois attaqué nommément lors d’une conférence de presse. La consigne est donnée et le camp démocrate décoche ses premières flèches avec des spots ouvertement hostiles à Romney.

(Caricature de Bosch Fawstin)

Romney recrute du soutien

Côté républicain, le rythme est également en train de s’accélérer et de nombreux poids lourds du parti se rallient à la candidature du mormon. Car si le parti est profondément divisé entre une aile plus modérée et une autre plus conservatrice, un projet commun fédère l’ensemble des militants: empêcher un deuxième mandat du président démocrate. Romney est souvent considéré comme le « candidat par défaut » ou le « favori mal aimé » mais il reste néanmoins le seul espoir pour reprendre le contrôle de la Maison Blanche!

Parmi les « nouvelles recrues » de la cause Romney, se trouve tout d’abord Jeb Bush.  A la fois frère de l’ancien président et très populaire ex-gouverneur de Floride, il représente un atout de taille dans cet état qui se révèle souvent décisif. Membre de la vieille garde républicaine, son père Georges H.W. Bush, 41e président des États-Unis et héritier de Reagan est également un allié intéressant au niveau symbolique.

Le sénateur de Floride Marco Rubio a également rejoint la campagne du favori. Étoile montante du parti, le politicien d’origine cubaine est un point fort pour séduire l’électorat latino et il est d’ailleurs souvent cité comme candidat potentiel à la vice-présidence sur le ticket républicain.     A l’instar de l’ambitieux Paul Ryan, président de la commission budgétaire de la chambre des représentants et opposant affirmé d’Obama. Des jeunes loups qui risquent de faire beaucoup parler d’eux à l’avenir.

Depuis le début des primaires, Romney avait également gagné le soutien du sénateur de l’Arizona John McCain. Même si l’ancien adversaire d’Obama s’était quelque peu  emmêlé les pinceaux en déclarant soutenir le président démocrate!

Le favori mal aimé

La consigne des cadres du parti républicain est claire : faire bloc autour de Romney afin d’organiser au plus vite la campagne de novembre face au président démocrate. Il faut mettre un terme à cette campagne des primaires qui tire en longueur et qui s’avère désastreuse pour l’image du favori. Attaqué sans cesse par ses rivaux,  la côté de popularité de Romney en a réellement pris un coup et le candidat a perdu pas mal  de terrain au profit d’Obama.

Selon un récent sondage d’ABC News et du Washington Post,la moitié des électeurs américains ont déjà une opinion négative du favori républicain.  Un record qui date de 1984! Et cela avant même que la machine démocrate et ses publicités négatives ne se mette en marche…

C’est pourquoi Karl Rove, stratège par excellence du parti appelle les rivaux de Romney à jeter l’éponge au plus vite.
Dans un édito du Wall Street Journal, l’éminence grise de la famille Bush a littéralement détruit la candidature de Rick Santorum, estimant qu’elle était vouée à l’échec et que « sa stratégie de faire trainer les primaires relevait d’une tentative désespérée« . Un constat sans appel.

Karl Rove, l'éminence grise de Georges W. Bush

Romney monte sur le ring face à Obama

Le grand favori républicain n’a pas encore passé le cap des primaires mais il creuse à chaque scrutin son avance sur ses poursuivants. Pressé d’en découdre avec le président démocrate, Romney enchaîne les attaques contre la « politique d’assistanat » de l’administration Obama.

L’élection générale du 6 novembre peut sembler loin mais il n’y a pas de temps à perdre pour l’ancien gouverneur du Massachusetts. Profitant de la visibilité médiatique offerte par les primaires, Romney se lance déjà à corps perdu dans la campagne.

Porté par son triomphal « hat-trick » de mardi (sa triple victoire au Wisconsin, au Maryland ainsi qu’à Washington D.C.) le candidat confirme plus encore son statut de futur adversaire d’Obama. La preuve : le favori républicain ne cite même plus ses rivaux des primaires, pour concentrer ses attaques sur l’occupant de la Maison Blanche. Romney a enfilé ses gants et le combat va durer sept mois.

Romney, plus que jamais favori (Justin Sullivan-Getty Images)

Si les thèmes de campagne vont fluctuer jusqu’en novembre prochain, le cheval de bataille de Romney concerne l’économie, son domaine de prédilection. Dans son discours de victoire au Wisconsin, devant un parterre de sympathisants, l’ancien homme d’affaires  a expliqué en quoi sa vision diffère totalement de celle du président démocrate.

« Le président Obama n’est pas responsable de la récession, mais il n’a pas su amener la reprise économique ». « En fait, il a prolongé la récession et a ralenti la reprise. Sa stratégie économique est un échec total »  a expliqué le candidat républicain.

Afin d’illustrer ses propos, Romney souligne quelques symptômes de l’échec du « plan de relance économique » entreprise par l’administration Obama. Les files de chômeurs qui s’allongent, une dette nationale sans précédent, le prix de l’essence à la pompe qui n’arrête pas de grimper,…  Et de conclure sous les applaudissements nourris: « Voulez-vous encore quatre ans de plus ? ».

Pour cet adepte de l’ultra-libéralisme, la solution pour relancer la croissance du pays viendra du secteur privé et de la libre entreprise et non pas d’un gouvernement omnipotent. Un combat d’idées qui sera au cœur de la bataille électorale de novembre.

Après sa démonstration économique, l’homme d’affaires en remet une couche en parodiant une réflexion faite par Obama, qui aspirait à devenir le 4e président le plus efficace de l’histoire!

« Le président pense qu’il fait du bon travail. Je ne fais pas de blague. Il pense qu’il fait un travail historique, dans la lignée d’Abraham Lincoln, Lyndon Johnson et Franklin Roosevelt ! ». « Il faut croire qu’à force de voler sur Air Force One (l’avion présidentiel), entouré constamment par des admirateurs qui vous disent que vous faites un excellent travail, cela suffise à vous faire perdre tout contact avec la réalité« .

Une petite pique qui renvoie à la dernière vidéo de campagne anti-Obama. Un spot étrange qui met en scène un bébé tout sourire…

Le président démocrate est également prêt à en découdre et sa réponse n’a pas tardé. Dès le lendemain, son équipe a diffusé la vidéo « Romney Vs la réalité » qui contredit point par point les propos du favori républicain.

Le même jour, son staff célébrait le premier anniversaire du lancement officiel de la campagne « Obama-Biden 2012 ». Histoire de faire étalage de l’ampleur du mouvement de réélection et de souligner l’énorme écart par rapport à l’organisation de Romney. Un exemple significatif: le nombre de donateurs. Le candidat républicain projette de dépasser la barre des 300.000 sympathisants tandis que du côté démocrate, le prochain objectif est d’atteindre les deux millions!  Le tandem Obama-Biden étant dispensé de l’exercice couteux des primaires, cela donne un solide avantage au camp démocrate, tant au niveau de la récolte de fond que de l’organisation dans les 50 états américains.

D’ailleurs, s’il est toujours énormément critiqué par l’ensemble des prétendants républicains , Barack Obama semble retrouver peu à peu le chemin du succès. Après un long passage à vide, l’indice de popularité du « président-candidat » commence à reprendre des couleurs.

Selon plusieurs sondages, il dominerait d’ailleurs Romney dans plusieurs états décisifs de l’élection : en Floride (+7%) en Ohio (+6%) ou encore en Pennsylvanie (+3). Mais à sept mois de « l’Election Day » du 6 novembre, ces projections à long terme n’ont que peu de valeurs.

Wisconsin: état pivot de la campagne

Le discours de Romney au Wisconsin marque un tournant dans la stratégie du champion républicain. Désormais il ne cite même plus ses rivaux pour se concentrer sur son rival démocrate. A l’image de son prédécesseur John Mc Cain, qui le 19 février 2008 avait lui aussi officiellement commencé dans « l’état du blaireau » sa campagne face à Obama .

Le sénateur de l’Arizona  annonçait  alors à ses partisans : « Merci Wisconsin, de nous amener  à un point où même un aviateur militaire superstitieux comme moi, peut proclamer avec confiance et humilité qu’il va être le nominé du parti dans la course à la présidentielle des États-Unis ».

John Mc Cain, l'adversaire d'Obama en 2008

Marathon républicain jusqu’en juin

La situation de McCain était différente parce que lors des dernières primaires du parti beaucoup plus d’états utilisaient le système du « Winner take all », où le premier dans les urnes  rafle l’intégralité des délégués mis en jeu. Cette année, avec la méthode de répartition proportionnelle, la campagne des primaires va inévitablement tirer en longueur.

Selon les dernières projections d’Associated Press, Romney a collecté largement plus de délégués que ses trois rivaux réunis et surtout il a dépassé le seuil symbolique des 50% (572).

Bilan de la course aux délégués (5 avril AP-NYT)

Les prochains scrutins, le 24 avril, vont encore accroitre l’avance de Romney. Il est annoncé favori dans les quatre états modérés de la côte-Est (Connecticut, Rhode Island, Delaware et New York). Santorum devrait quant à lui juste sauver les meubles en Pennsylvanie, l’état qu’il a représenté pendant douze ans au Sénat.

Si Romney s’avère d’ores et déjà impossible à rattraper par ses poursuivants, il devra néanmoins atteindre 1.144 délégués avant d’être officiellement déclaré vainqueur. L’objectif pour ses rivaux, Santorum en tête, est de l’empêcher d’atteindre cette ligne d’arrivée virtuelle. Mais à moins d’une catastrophe, le favori républicain y arrivera avant la fin du printemps. Probablement le 5 juin avec la primaire en Californie.

§ Résultats définitifs des primaires au Wisconsin :

Romney 44,1% / Santorum 36,9% / Paul 11,2% / Gingrich 5,8%

§ Résultats définitifs des primaires au Maryland :

Romney 49,2% / Santorum 28,9% / Gingrich 10,9% / Paul 9,5%  

§ Résultats définitifs des primaires à Washington D.C. :

Romney 70,2% / Paul 12% / Gingrich 10,7%

A noter que le score stalinien de Romney s’explique en partie par le fait que Santorum n’avait pas réussi à s’inscrire à la primaire. A l’instar du scrutin en Virginie…

(Source des résultats : Washington Post)

(Justin Sullivan-Getty Images)

Google s’invite à la Maison Blanche

La société californienne continue son projet de numérisation du monde. Après les livres anciens, les chefs d’œuvres des musées et les endroits inaccessibles de la planète, l’application « Google View » débarque au 1600, Pennsylvania Avenue.

Arpenter les couloirs de la Maison Blanche, en pantoufles et simplement vêtu d’un peignoir est désormais possible. Plus besoin non plus de se rendre jusqu’à Washington pour visiter l’endroit le plus mythique des États-Unis. Mais si la balade reste évidemment virtuelle, le parcours est intéressant à plus d’un titre, car certaines pièces sont généralement interdites au commun des mortels.

Les services secrets ont passé au peigne fin toutes les images, donc peu de chance de trouver des perles, comme ailleurs sur la toile. Pas de cliché insolite d’Obama fumant discrètement une cigarette dans bureau ovale, ni de « Bo » le chien présidentiel, s’essuyant les pattes sur le tapis. Néanmoins, le visiter pourra jeter un œil à différentes pièces, toutes débordantes de statues et de tableaux.

Comme le raconte la First lady : « Des milliers de personnes ont parcouru ces salles afin d’en admirer les œuvres d’arts. Ils ont observé les portraits des plus célèbres présidents : Washington, Lincoln ou Kennedy ». « Ils ont imaginé l’histoire qui s’est faite ici. A présent, vous pouvez faire tout cela sans sortir de chez vous !».

L’objectif de Google est de présenter au public des œuvres d’arts difficiles d’accès. A cette fin, la société tentaculaire a fusionné son application « Google View » qui permet de circuler un peu partout dans le monde avec « Google Art », un programme qui donne accès aux collections des plus célèbres musées. Avec déjà un catalogue de plus de 30.000 œuvres à travers 40 pays…

Rien ne semble pourvoir combler la boulimie du géant californien qui trouve sans cesse d’autres proies à se mettre sous la dent. Vu que parcourir les rues de Kyoto ou de San Francisco est déjà démodé, la société est partie récemment à la conquête de la jungle amazonienne.Histoire de se la jouer aventurier en toute sécurité.

Pour les plus blasés, il est également possible de partir à la recherche d’épaves au fond des océans ou encore d’explorer la surface de la planète mars.

La visite virtuelle de la Maison Blanche est désormais accessible à tous et peut être qu’en ce moment le favori républicain Mitt Romney utilise cette dernière application de Google. Afin de préparer au mieux son prochain déménagement.

La planète Mars à portée de click

« Un dîner presque parfait » avec Barack & Michelle

En pleine campagne de réélection, le président démocrate accompagné de la First Lady enchaînent les soirées de gala et de collectes de fonds. Pour inciter aux dons, un concours permet à quelques petits donateurs chanceux de partager un repas avec les occupants de la Maison blanche…

Quel est le point commun entre Cathy, Judy et Regia ? Ces femmes américaines ont toutes les trois gagné un ticket pour diner avec le couple présidentiel. Les deux premières ont emmené leurs maris et la troisième a opté pour son père. Un jeune couple dynamique, une paire de retraités et un duo d’afro-américains. Il ne manquait plus qu’un latino pour que la tablée corresponde parfaitement à l’électorat américain.

Grâce à cet habile montage, les milliers de donateurs moins chanceux peuvent eux aussi avoir l’impression de rencontrer  le président et la First Lady en version décontractée.

Pour le « côté intime », il y a l’histoire du « premier date » entre Barack et Michelle, qui jouait à l’époque la carte culture en l’emmenant au musée.
Mais aussi la confession d’Obama qui relate le pire instant de son premier mandat. Il ne s’agit pas d’une décision concernant la crise financière, l’Opération Geronimo pour capturer ben Laden ou encore la gestion de la marée noire au large de la Louisiane. Mais bien du moment où sa fille Sasha a contracté la méningite et a dû subir une ponction lombaire.

« Le monde s’écroule à ce moment-là » affirme Barack, qui avant d’être un président est avant tout un père et un mari. Un procédé classique d’humanisation du candidat qui fonctionne toujours. Les larmes ne sont pas très loin. La transition de l’émotion vers le politique s’effectue sur le thème de la santé, avec la grande frayeur qu’a connu le jeune couple au moment de l’hospitalisation de leur fils.

Heureusement cela se termine par une happy end car les frais de traitement ont pu être pris en charge grâce à la récente réforme des soins de santé. Aujourd’hui, les compagnies d’assurance ne peuvent plus exclure un patient même s’il a déjà un historique médical.   Une « tranche de vie authentique » qui donne enfin un visage à cette fameuse « Obama-care » tant décriée, qui divise l’opinion publique américaine. Le hasard fait décidément bien les choses.

Si vous voulez tenter votre chance et peut-être partager un repas avec Michelle & Barack, il n’y a qu’une seule chose à faire : un petit don pour la campagne de réélection.

Votre cœur balance plutôt du côté républicain ? Pas de problème, tous les candidats à la présidentielle utilisent ce concept de « souper entre amis » pour motiver les donateurs.

Afin de casser son image de millionnaire qui lui colle à la peau, Mitt Romney et Ann sa douce moitié, ne proposent pas un repas prestige avec du caviar à la louche. Mais plutôt un morceau de pizza ou un burger accompagné de frites à l’image de l’Américain moyen. Le favori républicain cherche aussi un compagnon pour assister à un match de baseball lors de la « journée des patriotes ». Avis aux amateurs.

Cette recette de proximité avec les électeurs semble en tout cas porter ses fruits. L’équipe de campagne de Romney a déjà reçu près de 300.000 dons de sympathisants. La campagne d’Obama a quant à elle dépassé le million en octobre dernier…

Obama 007: Opération « micro brûlant »

La petite phrase échangée entre le président démocrate et son homologue russe lors du sommet à Séoul, soulève une volée de critiques dans le camp républicain. Un nouveau spot inspiré des films de James Bond ridiculise le « président flexible »,

« My name is Obama…Barack Obama« . La réplique ne sort pas du dernier volet des aventures du héros de Ian Fleming, mais bien d’une vidéo financée par le Super-Pac « American Crossroads », un groupe farouchement hostile au président démocrate.

Dans ce clip assez original, le spectateur est plongé dans une ambiance de guerre froide, où les ogives nucléaires défilent sur la place rouge et où la troisième guerre mondiale est aux portes de l’Amérique ! Obama y est présenté comme un agent plus ou moins secret, dont l’unique mission est de remporter l’élection du 6 novembre, afin d’obtenir une flexibilité sans limite qui doit servir d’obscurs intérêts…

De retour en pleine guerre froide...

Si l’objectif final du « président flexible » n’est pas très clair, ses noirs desseins servent les intérêts de la Russie, la rivale éternelle.  L’agent Obama, qui ne serait en réalité que le valet de Poutine, devrait à terme permettre l’avènement d’un nouvel ordre mondial. Bref, un pur moment de cinéma!

Au cas où l’électeur n’aurait pas bien entendu l’échange entre les deux présidents (révélé à cause d’un micro resté allumé) le clip le diffuse quatre fois en moins de 90 secondes : « Après mon élection, je serais plus flexible… ». Obama risque de payer longtemps cette petite indiscrétion.

L’entretien entre les deux chefs d’états concernait différents sujets géopolitiques mais essentiellement le projet de bouclier antimissile européen, éternelle pomme de discorde entre les deux pays.

(Voir articles sur le sujet: Obama pris en « en flagrant délit »Spot anti-Obama « Après mon élection… » )

La petite phrase polémique

Suite à cette gaffe, Mitt Romney a vivement critiqué la politique étrangère de Barack Obama, qu’il ne trouve pas assez ferme. Le favori républicain tente de s’imposer dans ce domaine, où il n’a pourtant aucune expérience par rapport au président en exercice. Un désavantage certain en vue de l’élection de novembre.

Romney relance la guerre froide

Le candidat qui domine les primaires est monté sur ses grands chevaux avant de s’enfoncer dans les sables mouvants, en estimant que la « Russie reste l’ennemi géopolitique N°1 des États-Unis« . Interrogé ensuite par un journaliste, sur la menace que représente des pays comme l’Iran ou la Corée du Nord, le probable futur adversaire d’Obama ne savait plus trop que répondre. En voulant marquer des points suite à la bourde d’Obama, il s’est finalement tiré une balle dans le pied!

En réaction, le président russe Dmitri Medvev (en poste jusqu’au 7 mai) a répondu au candidat « Aujourd’hui nous sommes en 2012 et non pas au milieu des années 1970. Peu importe le parti auquel il appartient, il doit tenir compte des réalités existantes ». Une remarque cinglante qui souligne l’inexpérience de Romney dans le monde de la diplomatie internationale. C’est ce qu’on appelle l’effet Boomerang.

Vladimir Poutine, l’homme fort de Russie


Gingrich : le candidat en chute libre

Abandonné par son dernier mécène, la campagne de Newt Gingrich va droit dans le mur. Mathématiquement hors course, une seule inconnue subsiste : combien de jours avant qu’il ne jette définitivement l’éponge ?

L’adage est bien connu : quand le bateau coule, les rats quittent le navire. Et si « capitaine Gingrich » se donnait la peine d’ouvrir les yeux, il se rendrait bien compte que sa campagne prend l’eau de toute part. Depuis plusieurs semaines, les mauvaises nouvelles s’enchaînent et plus personne ne croit à ses perpétuelles promesses de « comeback fracassant » !

(Lire les articles précédents sur le même sujet: Le chant du cygne de GingrichGingrich:toujours plus proche de la voie de garage)

Près de trois mois après le début des primaires républicaines, l’homme fort de Géorgie doit se rendre à l’évidence: il n’a plus aucun espoir de succès. Après une trentaine de scrutins, Gingrich n’a remporté que deux états (Caroline du Sud et Géorgie), contre 16 pour Romney et 11 pour Santorum. Et à moins d’un miracle, il ne gagnera plus nulle part.

Complètement largué dans la collecte de délégués, le palmarès de Gingrich  a juste de quoi impressionner Ron Paul, la lanterne rouge des primaires. L’heure de gloire de l’ artisan de la « révolution conservatrice », où les républicains avaient récupéré le contrôle du Congrès en 1994, semble désormais révolue.

Newt Gingrich

Selon la moyenne des sondages établie par « Real Clear Politics« , Gingrich pointe depuis un moment sous la barre des 15% d’intentions de vote, un score nettement insuffisant pour encore espérer remporter l’investiture. D’autant que cet indicateur ne prend pas en compte les mauvais nouvelles des derniers jours…

Hier, la presse américaine faisait écho des difficultés de trésorerie du candidat. Avec un bilan financier dans le rouge, Gingrich effectue de drastiques coupes budgétaires en limitant ses déplacements et en renvoyant un tiers de son équipe, dont son directeur de campagne !

L’empereur des casinos abandonne Gingrich

Les dons des sympathisants ne remplissent plus les caisses depuis longtemps et Gingrich ne devait son salut qu’aux largesses de son mécène, Sheldon Adelson. Afin de soutenir les idées pro-israéliennes du candidat, le milliardaire avait injecté plus de 16,5 millions de dollars via le « Super Pac pro-Gingrich ».

Une broutille pour « l’empereur des casinos » qui est à la tête d’un empire colossal. Selon un article du Huffington Post, qui reprend un calcul de Forbes, cet ultra-riche gagnerait en moyenne 3,3 millions de dollars…de l’heure !

Sheldon Adelson s’est d’ailleurs dit prêt à  investir pas moins de 100 millions de dollars afin d’empêcher un deuxième mandat d’Obama.
Mais l’homme au chéquier illimité s’est lui aussi finalement rendu compte qu’il ne misait pas sur le bon poulain. Dans une vidéo publiée sur le Jewishjournal, le milliardaire vient d’annoncer qu’il retirait son soutien à Gingrich parce que le candidat est « en bout de course »…

Mercredi matin sur MSNBC, son porte-parole (bientôt au chômage) avait beau détailler la stratégie de Gingrich, plus personne n’était dupe.
Mathématiquement hors course, le candidat a pour unique objectif d’empêcher Mitt Romney, d’atteindre le total de 1.144 délégués, seuil nécessaire pour gagner l’investiture.

Dans pareil cas de figure, les compteurs seraient alors remis à zéro pour un second tour, une procédure d’exception dénommée « convention négociée ». Les instances dirigeantes du parti, réunies en convention en Floride, devraient alors désigner le candidat officiel du parti…

Désormais sans perfusion financière, l’ancien président de la Chambre n’a plus aucun espoir dans ces primaires. Techniquement, si toute sa stratégie repose sur la convention négociée, il devra s’accrocher jusque fin août. Bon courage Newt. Moïse a bien erré 40 ans dans le désert.

Sondage de CNN: Gingrich doit il jeter l'éponge?

« Obama-ville » : la série qui hante l’Amérique

Pour la première fois, l’équipe de campagne de Rick Santorum délaisse Romney pour s’attaquer directement  au président démocrate. Résultat: un spot post-apocalyptique digne d’un film d’horreur. Âmes sensibles s’abstenir. 

2014. Obama en est à son deuxième mandat à la tête du pays et la situation est plus catastrophique que jamais. Marasme économique, chômage caractérisé, inflation galopante, soins de santé inabordables, explosion du prix de l’essence,…  Bref, la première puissance mondiale s’est écroulée et les  États-Unis ne sont plus qu’un vaste chancre dévasté.

Bienvenue dans Obama-ville, petit hameau perdu où la situation est à l’image du pays: sans espoir. Un paysage de désolation aux murs décrépis où des enfants malnutris courent pieds nus dans les ruines à la recherche d’un quignon de pain,…                                                                                       Tel risque d’être l’avenir des Américains, s’ils ne mettent pas un terme à la présidence d’Obama le 6 novembre prochain!

Cette vidéo au format court d’une minute, n’est que le premier volet d’une mini-série de huit épisodes déclinés sur le même thème de l’Obama- phobie. Ce pilote donne déjà le ton en proposant un condensé de toutes les peurs qui hantent aujourd’hui l’Amérique: chômage, perte des valeurs, montée de l’islam radical, etc. Et afin de bien faire passer le message, John Brabender, le réalisateur, utilise toutes les ficelles des films d’horreur…

« The Atlantic Wire » met d’ailleurs en lumière dans un article, quelques éléments du spot tirés de séries télévisées et des films hollywoodiens. Le corbeau de « Six feet under », un hôpital désert comme dans « Walking dead », les hommes en costume sombre de « Matrix » ou encore la filette de « The Ring »,…

Avec tous ces clins d’œil, le montage ressemble plus au final à un parodie qu’à un véritable spot politique mais en tout cas le clip sort du lot et arrive à faire parler de lui…

Le passage le plus troublant survient à la 40e seconde où le visage de Mahmoud Ahmadinejad, président de la république islamique d’Iran, se transforme une fraction de seconde en Barack Obama. Pile au moment où le narrateur parle des ennemis de l’Amérique. Un rapprochement d’un goût douteux, qui rappelle le principe des publicités subliminales.

Avec la crainte croissante d’un Iran nucléarisé, la peur de l’islam radical, le traumatisme du 11 septembre et encore aujourd’hui une bonne partie de l’électorat qui pense qu’au fond Obama est un musulman caché, l’amalgame est assez facile.

Interrogé par un journaliste de Politico, le porte-parole de Santorum assure pourtant que le but n’était pas que les spectateurs pensent que les deux présidents soient une seule et unique personne. L’explication n’est pas très convaincante, surtout après analyse du choix des portraits: même cadrage, même profil, vêtements identiques…

Une spécialité américaine

Le premier amendement de la Constitution américaine, qui assure une totale liberté d’expression permet aux candidats de dire à peu près ce qu’ils veulent. Avec comme résultat des spots publicitaires hauts en couleurs et parfois violents. Une spécificité de la politique américaine qui ne s’importera pas tout de suite en Europe, où le public est différent et où les techniques de communication sont toujours une génération en retard.

Mais qui sait? La « vieille Europe » rattrape bien souvent sa cousine américaine. Le principe des primaires au sein d’un parti, le modèle des débats télévisés entre candidats et aussi l’art de la politique via les réseaux sociaux a bien traversé l’Atlantique. Difficile aujourd’hui d’imaginer l’équipe de campagne de François Hollande réaliser un spot de ce genre sur Sarkozy, qui brigue lui aussi un deuxième mandat…

Pour l’anecdote, la ville d’Obama existe réellement. C’est une petite bourgade de pêcheurs dans la préfecture de Fukui, au Japon. Lors de la campagne de 2008, les habitants avaient d’ailleurs supporté le sénateur de l’Illinois!

Photomontage anonyme d'Obama-ville

Spot anti-Obama « Après mon élection… »

Les réactions à la petite phrase échangée entre le président démocrate et son homologue russe Dmitri Medvedev, ne se sont pas fait attendre. En période électorale, les candidats font feu de tout bois et cette réplique lourde de sens inspire déjà des spots publicitaires.

L’échange survenu hier lors d’un sommet à Séoul rassemble tous les éléments d’un film d’espionnage en pleine guerre froide. Conversation secrète entre dirigeants, bouclier antimissile, complicité mystérieuse entre les deux hommes et jusqu’à la réplique « Je transmettrai cette information à Vladimir« (Poutine). Voilà de quoi alimenter les fantasmes des détracteurs de Barack Obama.

 (voir l’article précédent: Obama pris « en flagrant délit »)

« Il nous cache des choses », « Quels sont ses autres secrets? » « Quels sont ses futurs projets? », sur les réseaux sociaux les rumeurs vont bon train. D’autant que le flou qui entoure le programme de deuxième mandat d’Obama permet les extrapolations les plus folles. Sur Twitter,un nouveau sujet a même été lancé (#ObamaAgenda) afin de deviner les vilains petits secrets du président cachotier!

Ce premier spot sur le sujet sera bientôt suivi par d’autres car force est d’avouer que l’administration d’Obama est moins prolifique en matière de scandale que celle de son prédécesseur texan.

Si la Maison Blanche a relativisé l’importance des propos du président en exercice, les candidats républicains par contre s’en donnent à cœur joie. Avec en première ligne le favori Mitt Romney, qui saute sur l’occasion de s’en prendre à son (très probable) futur adversaire de novembre.

Sur CNN, le mormon assimile la réplique d’Obama à un double jeu: un discours fort devant les caméras mais une position très conciliante en privé. « La Russie n’est pas un ami sur la scène internationale et c’est très inquiétant de voir ce président chercher davantage de flexibilité ».

L’ancien gouverneur du Massachusetts joue la carte sensible avec de vieux relents de guerre froide: « Je suis très inquiet, je pense que les Américains ressentiront la même chose. Voilà un président qui nous dit une chose et en fait une autre« .

Obama à la frontière nord-coréenne (© Reuters-Larry Downing)

Obama pris « en flagrant délit »

« Après mon élection, j’aurai plus de flexibilité ». La petite phrase prononcée par le président américain à son homologue russe, lors d’un sommet en Corée du Sud, a provoqué un mini-séisme dans la presse américaine.

A l’occasion du sommet mondial sur la sécurité nucléaire qui se tenait à Séoul, le président démocrate a débattu pendant 90 minutes avec Dmitri Medvedev, qui est pour quelques semaines encore, le président de la Fédération de Russie.

Selon RFI, les propos de l’échange entre les deux chefs de l’état portaient sur l’amélioration des relations économiques entre les deux géants. Ainsi que sur d’autres sujets plus délicats concernant la géopolitique mondiale : le désaccord sur le cas syrien, la menace de la Corée du Nord, la situation en Afghanistan ou encore la menace d’une nucléarisation de l’Iran….

Mais ce qui a surtout marqué la presse américaine, à l’issue de ce long entretien, ce sont les quelques phrases échangées par les deux dirigeants alors qu’ils pensaient que leurs micros étaient déjà coupés.

Obama - Medvedev (RIA Novosti-Ekaterina Shtukina)

Abordant le dossier épineux du bouclier antimissile européen, éternelle pomme de discorde entre les anciens adversaires de la guerre froide, Obama précise à Medvedev :

«  Sur tous ces sujets, mais particulièrement sur celui du bouclier antimissile, cela peut être résolu mais c’est important qu’il (Vladimir Poutine a été réélu président de Russie ce 4 mars, il entre en fonction le 7 mai) me laisse de l’espace ».

Son homologue russe lui répond : « Oui je comprends. Je comprends votre message à propos de l’espace. Vous avez besoin d’espace pour vous… »

– Obama : « C’est ma dernière élection. Après ma réélection, j’aurai plus de flexibilité ».

– Medvedev « Je comprends, je transmettrai cette information à Vladimir… ».

(Version originale depuis ABCNews)

Obama: l’épine nucléaire

Ce bref échange a déjà fait réagir nombre d’observateurs, qui dénoncent un excès de confiance du président en place, qui semble assuré de sa réélection à la tête du pays alors qu’aucun électeur n’a encore voté.

Deuxièmement,  l’annonce d’une  plus grande « flexibilité » envers la Russie, qui reste quand même toujours un ennemi potentiel, apporte de l’eau au moulin des faucons conservateurs qui estiment qu’Obama passe pour un faible sur la scène internationale. Un adepte de la politique de la main tendue avec l’Iran ou une carpette devant la Russie et la Chine.

Un des pouvoirs du président américain, à l’instar d’une poignée de chefs d’états à travers le monde, réside dans sa capacité à décider d’une frappe atomique envers tout ennemi potentiel. Une menace qu’il faut toujours garder dans son jeu, à des fins dissuasives.

Obama avait par le passé fait l’erreur de dévoiler qu’il n’autoriserait pas un tel recours à la force avec l’Iran. Un aveu d’impuissance qui avait été fort décrié à travers le pays.

"Tellement préoccupé par le prompteur qu'il n'a rien remarqué" - Michael Ramirez

Semaine compliquée pour Obama

Juste après l’incident, un responsable de l’administration d’Obama répondant à un journaliste d’ABC News a relativisé la nature des propos du président.

« C’est une année électorale dans laquelle les Russes viennent d’avoir une élection. Nous allons nous aussi avoir une élection présidentielle et au Congrès, ce n’est pas le genre d’année où l’on peut résoudre des enjeux aussi compliqués que ceux-ci ».

Ce nouveau couac du président démocrate survient dans une période déjà bien chargée au niveau politique. C’est en effet cette semaine que les neuf juges de la Cour suprême américaine doivent décider si la fameuse réforme de la santé « Obamacare », votée il y a deux ans, est bien en accord avec la Constitution. Un dossier très polémique qui déchire l’échiquier politique entre partisans et détracteurs.

La petite phrase d’Obama: erreur technique, acte manqué ou manœuvre de détournement? Difficile à dire. En tout cas, elle va faire couler beaucoup d’encre. Et les images du « président trop confiant » vont inévitablement rejoindre les prochains spots anti-Obama…

Obama parodié à la sauce « Mad Men »

A mesure que se rapproche l’élection générale, les spots de campagne pleuvent sur la toile. Mais si les candidats s’attaquent entres eux, les satires politiques ne sont évidement pas en reste. Parodies, clins d’œil ou véritables publicités négatives, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les tendances politiques…

Dernière trouvaille, cette animation créée par le journaliste et réalisateur Will Rabbe et diffusée pour la première fois dans le « Chris Matthews Show« , une émission qui traite de la politique américaine.

Ce clip s’inspire totalement du générique de la série à succès « Mad Men », qui aborde l’univers enfumé de la publicité dans les années 60, sur Madison Avenue. Depuis sa création, la série culte accumule les récompenses et a notamment remporté l’Emmy Award de la meilleur série dramatique quatre années d’affilée!

L'équipe de choc de Mad Men en couverture de Newsweek cette semaine

Après un an d’attente, la cinquième saison commence a être diffusée cette semaine aux États-Unis, une belle occasion pour le réalisateur Will Rabbe de se faire un beau coup de pub…

Sur les notes du générique de « Mad Men », Obama s’apprête à quitter le bureau ovale et décroche les portraits de Joe Biden (le vice-président) , Michelle Obama (la First Lady) ainsi que de Bo, le chien le plus célèbre du pays. Le monde du président démocrate s’écroule et il tombe en chute libre, suite à ses mauvais choix politiques…

Chômage en hausse, dette nationale sans précédent, augmentation du prix de l’essence à la pompe, l’Iran nucléarisé d’Ahmadinejad et le prêt fédéral colossal accordé aux géants du secteur automobile… autant d’arguments pour voter républicain le 6 novembre 2012!

A mesure qu’Obama dégringole, des visages républicains montent pour assurer la relève à la Maison Blanche. Ron Paul est évincé au montage donc l’électeur n’a plus que le choix entre trois candidats: Romney, Gingrich et Santorum.  A en croire la hauteur des buildings, l’ancien gouverneur du Massachusetts est clairement le favori. Avec même une petite piqure de rappel à la fin du spot, pour confirmer le choix de Romney qui domine largement ces primaires.

Autocensure du créateur, le dernier plan où le personnage fume tranquillement une cigarette dans le divan est coupée au montage. Selon un article du Huffington Post consacré au sujet et qui reprend la version officielle de la Maison Blanche, Barack Obama serait libéré de sa dépendance tabagique…

A titre de comparaison, voici le générique original de la série de Matthew Weiner, qui dresse un portrait sans concession d’une Amérique désormais révolue, où il était de bon ton de passer son temps à boire, fumer et courtiser ses secrétaires.

 

Pour les amateurs du genre parodique, voici un beau spot diffusé au début du mois: Romney façon « The Artist »!